Si le développement touristique préoccupe énormément les responsables, l’exode massif de travailleurs népalais semble moins les inquiéter et pourtant ? A l’aéroport, désormais c’est une vision habituelle, des grappes humaines reconnaissables à leur maigre et unique bagage, portant souvent un tee-shirt ou une casquette tagguée du nom de leur « Bienfaiteur.Com », histoire de ne pas en perdre un en route, images amères des premiers grands perdants de la mondialisation. Plusieurs enquêtes sérieuses notamment d’Amnesty International indiquent qu’environ un millier de népalais quittent quotidiennement le Népal souvent après avoir payés des frais excessifs et illégaux (par exemple sans reçu) à des agences népalaises peu scrupuleuses…et que 2 à 3 rentrent quotidiennement dans des cercueils. Ces travailleurs migrants qui partent joyeux pour de terres lointaines où Bouddha, Shiva, Vishnu et les autres ne sont pas les bienvenus, où le dal-bat n’est plus qu’un lointain souvenir ? ne savent pas que la plupart entrent dans le cercle infernal « endettement-exploitation ». On pourrait penser que le Népal pays parmi les plus pauvres du monde ? n’a rien à vendre hormis ses montagnes et ses sourires légendaires qui d’ailleurs tendent à disparaître. On serait même tenter de croire que la pauvreté appelle la pauvreté… que nenni, pas pour tout le monde, même que pour certains la pauvreté est devenue source de richesse car effectivement on peut vendre la pauvreté. Quel peut être l’avenir d’un pays qui ne sait pas retenir ses forces vives, et même plus récemment son élite de demain en laissant partir ses étudiants dans des conditions douteuses. C’est un avenir qui paraît écrit d’avance tant il ressemble à son passé. Pour tenter de faire bonne figure, les responsables cherchent des appuis étrangers surtout chez leurs deux grands voisins mais rivaux, la Chine et l’Inde, mais vers quels progrès va-t-on avec de telles relations ? C’est une autre vraie question. Quant aux autres potentiels partenaires internationaux, ils doivent affronter un parcours d’obstacles dont la philosophie semble se résumer à « donnez votre contribution on s’occupe du reste » et donc ils ne se bousculent pas, on peut aussi se demander pourquoi ? Le Népal est à la croisée de chemins, alors comment choisir le bon ou le moins pire avec des règles et une équipe d’une autre époque.
Jean-Pierre GIROLAMI